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pant dans mes mains ; est-ce que l’on présente les héros ? Ils se font connaître d’une autre manière, par exemple en sauvant d’unemort certaine leur bien aimée… en…

— Et vous voulez effectivement vous mettre à faire votre cour à la princesse ?

— Au contraire, docteur. Pourtant, je triompherai. Vous ne me comprenez pas ?… Cela me désole. Du reste, ai-je continué après un moment de silence, je ne raconte jamais mes secrets ; j’aime bien mieux qu’on les devine ; je puis ainsi, à l’occasion, désavouer de semblables projets. Cependant vous devez me décrire la mère et la fille. Que sont ces gens-là ?

— D’abord, la mère est une femme de quarante-cinq ans environ, m’a répondu Verner ; son estomac est excellent, mais son sang est gâté. Elle a sur les joues des taches rouges, et comme elle a passé la dernière moitié de sa vie à Moscou, l’inaction lui a valu de l’embonpoint. Elle aime les anecdotes scandaleuses et raconte elle-même des choses un peu lestes, lorsque sa fille n’est pas là. Elle m’a déclaré, par exemple, que sa fille était innocente comme une colombe ; cela me regardait-il ? J’avais envie de lui ré-