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UN JOUR DE BONHEUR

j’ai tout de suite compris que ce livre n’avait pas pu appartenir aux enfants des anciens propriétaires de Rochebrune.

— Et que par conséquent…

— Il fallait me mettre à ta recherche, finit gaîment Valentine.

— Croirais-tu que j’avais tellement pris en grippe tout ce qui me rappelait les projets de voyages, de gymnastique, d’aventures, que je faisais autrefois, moi qui rêvais d’être soldat ou marin, que j’écartais systématiquement tous les livres où il en était question !

— Pauvre Luis !

— Maintenant je ne me plains plus… tant que tu seras auprès de moi… Oh ! mes pauvres rêves !…

— Je suis sûre que tu deviendras un grand artiste comme papa, tu as tant de dispositions pour la peinture ! dit sa petite consolatrice. Si seulement mon petit père pouvait te donner des leçons, lui qui enseigne si bien la perspective et qui fait de si beaux tableaux !…

Luis sourit, pour une raison de lui seul connue, et, changeant de sujet, se mit à parler de la fête projetée.

On avait résolu de combiner en une seule journée les triples amusements que les fillettes avaient imaginés. M. Maranday avait fait des invitations de tous les côtés. Le riche propriétaire du château de Rochebrune n’avait eu qu’à faire une tournée de visite pour se créer des relations, et Mlle Marie-Antoinette de Montvilliers pouvait être tranquille, les invités élégants ne manqueraient pas.

Valentine avait, elle aussi, invité, tous les enfants du voisinage, riches ou pauvres.

On devait avoir l’après-midi une fête foraine dans le parc,