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COUPABLE

n’avaient sans doute rien à se reprocher se regardaient interdites, et Charlotte paya d’audace.

— Quels qu’aient pu être mes motifs pour vous défendre de pénétrer dans ce corps de logis, dit M. Maranday, vous aviez à vous conformer à mes ordres. Or, je sais pertinemment que l’une de vous les a enfreints.

— Pas moi, s’écrièrent les deux petites sœurs, ainsi que Marie-Antoinette.

Geneviève voulut parler, s’excuser. Pour la première fois de sa vie, elle avait peur, et les paroles s’étouffèrent dans sa gorge.

— Admettez-vous que cette lettre, qui prouve la désobéissance de l’une de vous, se soit écrite toute seule ? demanda M. Maranday.

Geneviève fit un pas en avant :

— J’ignore ce qu’il y a dans cette lettre, dit-elle, car je n’ai rien écrit, je vous assure, mon oncle. J’ai désobéi, c’est vrai, mais bien malgré moi. Je ne suis pas allée exprès dans l’aile sud, et sans le nègre…

— Quel nègre ? s’écrièrent tous les assistants, y compris M. Maranday.

— Le nègre ou la négresse qui nous a poursuivies.

— Ah ! Ah ! vous étiez donc plusieurs ? fit son oncle.

Geneviève avait des défauts ; elle était étourdie, désordonnée, capricieuse, souvent raisonneuse, mais elle ne connaissait pas le mensonge. Comment tout avouer sans « trahir » et Valentine absente, et cette Charlotte qui venait de mentir si effrontément ?

— Mon oncle, dit-elle enfin, permettez-moi, tout en vous faisant une confession entière, de n’accuser que moi. Je ne