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AU GRENIER

Aussitôt Valentine s’écria :

— Je te suis !

— Et moi idem, ajouta Charlotte après quelques instants de réflexion.

— Consultez donc votre chère Mlle Favières, insinua Marie-Antoinette ironique. Comme elle vous défendra d’y aller, aussi sûr que je suis ici, vous vous serez fait à bon marché une réputation de courage.

Cette raillerie coupa court aux derniers scrupules de Valentine. Tout, plutôt que d’être encore accusée de manquer de vaillance.

Les trois fillettes partirent bravement, Geneviève en avant, Charlotte à l’arrière-garde, une paire de pincettes à la main, car il faut tout prévoir.

Depuis qu’elles habitaient le château, elles ne s’étaient jamais aventurées dans les combles, et ceci, joint à la crainte de déplaire à l’Oncle, ne laissait pas que de troubler un peu les plus braves. Une fois parvenues au haut du dernier escalier, elles se regardèrent sans mot dire. Par où commencer ? quelle porte ouvrir parmi toutes celles qui s’offraient à leurs yeux ? La pensée du cabinet de Barbe-Bleue leur traversa l’esprit : Qu’allaient-elles découvrir ?

— En avant ! s’écria Geneviève en poussant la porte qui lui faisait face.

Elles se trouvèrent alors dans une immense galerie très encombrée de meubles de vieux chêne, restes de l’ancien ameublement du château, blancs de la poussière accumulée sur leurs sculptures depuis des années.

Les enfants continuèrent leurs explorations, au milieu d’un enchevêtrement de poutres descendant jusqu’au plancher.