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L’ONCLE BARBE-BLEUE

— Hum ! irions-nous jusqu’au bout ? Je ne comprends pas très bien comment nous nous y prendrions pour monter un échafaud. En tous cas, ce n’est pas moi qui prêterais ma tête.

— Allons, allons, pas de commentaires.

— Numéro trois, très nouveau celui-là, reprit Geneviève railleuse :

Cendrillon.

— Ce ne serait pas déjà si mauvais, s’écria Charlotte, se trahissant ainsi, nous aurions juste le nombre de rôles nécessaire.

— Comment cela ?

— La fée, Cendrillon, ses deux sœurs, autant de jolis personnages. Je serais la fée, avec une robe blanche toute couverte d’étoiles d’or.

— Pas gênée, de garder pour elle tout ce qu’il y a de mieux, dit Marie-Antoinette, c’est bien plutôt moi qui devrais être la fée.

— Et pourquoi, s’il vous plaît ?

— A-t-on jamais vu des fées brunes ? fit la petite coquette en secouant d’un air mutin ses belles boucles blondes.

— Dis tout de suite que tu veux l’accaparer.

— S’il faut parler dès maintenant, dit bien vite Élisabeth, je me réserve le rôle de Cendrillon.

— Je vous admire, mesdemoiselles, riposta Marie-Antoinette. Si l’une fait Cendrillon et l’autre la fée, qu’est-ce qui me restera ?

— Les sœurs de Cendrillon n’ont pas grand’chose à dire, cela ferait ton affaire, à toi si paresseuse.

— Et elles ont de bien plus belles toilettes que Cendrillon, ajouta Charlotte.