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L’ONCLE BARBE-BLEUE

depuis quelques instants, est-ce que nous n’avons pas bientôt fini de nous quereller ? Qu’y a-t-il de saugrenu dans la proposition de Valentine ! Il est bien certain que nous n’avons pas la prétention d’écrire des merveilles.

— Cela m’étonne, dit l’incorrigible Marie-Antoinette.

— Rien ne nous empêcherait de choisir soit un sujet historique, soit un conte de fées ; nous en ferions quelque chose qui tiendrait le milieu entre une charade et un tableau vivant, et je vous assure que ce ne serait pas plus inepte que ce que nous avons vu jusqu’à présent en fait de comédies pour la jeunesse. Voyez, par exemple, cette saynette où deux petites filles costumées en cuisinières taillent une bavette aux dépens de leurs maîtres. Trouvez-vous beaucoup de sel dans ces soi-disant traits d’esprit ?

— Assurément non.

— Et celle-ci, où des petites filles se disputent à propos d’un cadeau de fête ?

— Geneviève a raison, c’est absurde.

— Alors, mesdemoiselles, dit Geneviève en grimpant sur la table, tribune improvisée, pour mieux haranguer ses compagnes, je vous donne trois jours (nombre fatidique) pour découvrir un sujet de pièce. Dans trois jours, nous nous réunirons ici même pour choisir, par un concours secret, celui qui obtiendra le plus de voix, et nous unirons nos efforts pour mener à bien le susdit projet. Est-ce dit ?

— C’est dit.

Il était à remarquer que, dans ce petit cercle de fillettes, les idées souvent assez originales de Valentine, toujours repoussées au premier abord, recevaient tous les suffrages lorsqu’elles étaient commentées, « revues et corrigées » par