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LE MANOIR DE VILLERAI

Le 1er juillet[1], le marquis de Montcalm envoya en avant le colonel de Bourlamaque, avec trois régiments français, tandis que lui-même s’avançait avec ceux de la Sarre, de Languedoc et de Roussillon jusqu’aux chutes, où ils campèrent. Le lendemain, le colonel de Bourlamaque alla reconnaître les montagnes qui étaient à la gauche du camp et envoya deux compagnies en avant pour surveiller l’approche de l’armée anglaise, qui se trouvait alors à l’extrémité du lac George. Le 6 juillet, on aperçut l’avant-garde des Anglais, et Bourlamaque se replia sur Montcalm, qui s’était emparé des hauteurs. Le commandant du génie, Ponlevoy, y avait construit des retranchements et fait un fort abattis d’arbres. Dans la retraite de Bourlamaque, un détachement français s’égara et fut rencontré par une troupe d’Anglais sous le commandement de lord Howe, jeune noble de talent, qui le défit avec des pertes considérables et prit un grand nombre de prisonniers. Ce léger avantage fut chèrement acheté par la mort de lord Howe, qui fut tué au commencement même de l’action. L’État de Massachusetts, avec une louable libéralité, a érigé un monument à sa mémoire, à Westminster Abbey.

Le 8 de juillet, par une chaleur brûlante, le général Abercromby, avec ses 15,000 hommes de troupes bien disciplinées, s’avança contre le fort de Carillon, comptant déjà sur la victoire. Le général de Montcalm, obligé de suppléer autant que possible au petit nombre de ses soldats par une disposition plus habile, confia la défense du fort à trois cents hommes choisis, tandis que le reste de son armée était au dehors, pour défendre les retranchements. Le vaillant chevalier de Lévis, arrivé le matin même, reçut le commandement de l’aile droite, et M. de Bourlamaque, celui de la gauche ; de Montcalm se réserva celui du centre, dans lequel se trouvait le régiment de Gustave, le Royal Roussillon.

À midi et demi[2] les gardes avancées rentrèrent dans les lignes en soutenant une fusillade avec les troupes légères anglaises. Un coup de canon tiré du fort donna aux troupes

  1. William Smith.
  2. Garneau, Hist. du Canada, t. III.