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LE MANOIR DE VILLERAI

ments matrimoniaux. Ma servante a vu de Noraye, de Montarville, le major Decoste, et le jeune Duplessis passer devant notre demeure, ce matin, de sorte qu’infailliblement quelques-uns d’entre eux viendront me voir cette après-midi, et j’ai la plus jolie robe demi-toilette à porter que vous puissiez imaginer. La certitude de ne pouvoir venir vous voir plus tard, m’a amenée d’aussi bonne heure. Voyons, dites, tante de Rochon, ne suis-je pas une nièce modèle depuis que cette affreuse petite hypocrite vous a quittée ?

— Tu as été, en effet, pleine d’attentions pour moi, Pauline ; autant, je pense, qu’il est en ton pouvoir ; mais pourtant ces visites de dix minutes que tu m’accordes de temps en temps ne remplissent pas tous mes moments de loisir.

— C’est vrai, mais ensuite vous faites de la couture pour les pauvres, et toute espèce de choses de ce genre pour vous amuser. J’espère bien que vous ne reprendrez jamais cette Rose Lauzon ; car du moment qu’elle rentrera sous ce toit, je cesserai de venir vous voir.

— Oh ! il sera toujours bien temps de parler de ce sujet quand elle reviendra. Elle est encore auprès de mademoiselle de Villerai, qui ne paraît pas avoir hâte de la renvoyer.

— Oh ! mon Dieu, qu’elle est simple, cette demoiselle de Villerai, s’écria Pauline avec un regard de dédain. Garder cette fille après qu’elle a été la cause d’un duel entre de Noraye et son propre fiancé !

— Mais tu oublies que Rose a soigné mademoiselle de Villerai pendant toute la durée d’une terrible maladie, qui avait chassé de frayeur toutes les gardes-malades.

— Tout cela, c’est un tour adroit de la petite parvenue pour rentrer dans les bonnes grâces de mademoiselle de Villerai, et se procurer ainsi l’occasion de revoir de Montarville. Folie et aveuglement de Blanche, de ne pas s’apercevoir de cette ruse. Mais on me dit, ma tante, que sa maladie a complètement détruit sa beauté. Est-ce vrai ?

— En partie. Je la crois considérablement marquée ; mais la délicatesse et la parfaite régularité de ses traits feront qu’elle ne pourra jamais être appelée laide.

— Oh ! chère tante, n’en croyez rien. Les traces de la petite vérole défigurent toujours horriblement.

Il y avait dans la manière de parler de mademoiselle de