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sur le canapé la plus grande partie de la soirée, se montrait encore plus indifférente que lui. Armand, se voyant seul et négligé, s’esquiva du salon où il ne paraissait pas être à sa place, et se rendit sur le balcon. La lune éclairait dans tout l’éclat de sa force. Si l’on en juge par l’expression de son visage, le jeune homme roulait dans sa tête des idées plus pénibles qu’agréables, quand il fut détourné de ses pensées par un léger bruit de pas qui s’avançaient ; s’étant retourné, il aperçut Gertrude de Beauvoir qui était à ses côtés.

— Pourquoi, lui demanda-t-elle, ne rentrez-vous pas pour prendre le souper ? Toutes les glaces et les fraises seront mangées, car vous avez bon appétit, vous autres écoliers.

— Je vous remercie, je n’ai pas faim ! répondit-il simplement.

— Alors vous êtes peut-être de mauvaise humeur ? Maman dit que les garçons sont toujours ainsi.

— Mais non, mademoiselle de Beauvoir.

— Vous avez été toute la veillée si triste, si solitaire ! Est-ce parceque Victor de Montenay a refusé de vous donner la main ?

Le souvenir de cette injure et la pensée qu’elle l’avait remarquée lui firent monter le rouge au front.

— Oui, répondit-il, j’en ai été très peiné, d’autant plus que de Montenay et moi étions de très-bons amis au collège.

— À votre place je ne le regarderais et ne lui parlerais plus, fit observer avec une certaine pétulance la jeune demoiselle. C’était