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quelques-uns de vos amis : il y en a deux ou trois du même collège que vous.

Lorsqu’Armand, en jetant un regard autour de lui, vit que tout le groupe des jeunes gens qui entourait M. de Courval avait les yeux fixés sur lui et son frère, il devint presque nerveux ; mais ses esprits troublés se rassurèrent presqu’aussitôt en apercevant Victor de Montenay au milieu d’eux. Il s’avança vers lui d’un pas timide mais empressé, et tendit la main à son affectionné et tendre ami de collège ; mais celui-ci, feignant ne pas s’apercevoir de son mouvement, fit un petit salut et lui dit :

— Comment vas-tu Durand ?

Puis il lui tourna le dos.

Il est impossible de décrire ce qu’Armand éprouva en ce moment. La honte et la mortification l’assaillirent et ses sentiments blessés le torturèrent tout à la fois : il sentit son embarras augmenter lorsqu’il vit les regards de curiosité de tous ces étrangers fixés sur lui. Tout à-coup une voix agréable et familière fit entendre ces mots :

— Comment vas-tu, Armand ? Je suis enchanté de te voir.

Et Rodolphe Belfond saisit et secoua énergiquement cette main que de Montenay avait dédaignée.

Cette franche amitié de la part de Rodolphe fut un baume adoucissant sur la première leçon de la vie du monde qu’il venait de recevoir.

Quelques instants après que de Montenay