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niquement à son frère « Paul, me veux-tu ? » à quoi il répliqua brièvement « Oui, sans délai, » et elle vint.

— Vois-tu, frère, lui dit elle en arrivant, il était écrit que nous vivrions ensemble. Tous deux, nous nous sommes mariés deux fois, presque, parait-il, pour éluder cette destinée, mais cela devait être. Si tu es satisfait, je le suis !

Paul l’était amplement, et il lui donna pleine autorité de conduire son ménage. Elle se montra digne de la confiance qu’il reposait en elle, surtout dans les soins judicieux qu’elle portait aux petits garçons de son frère. Son union n’avait jamais été consacrée par la maternité, et sa bonne nature s’émouvait de compassion sur les deux enfants confiés à ses soins, comme s’ils avaient été les siens propres.

Ceux-ci différaient autant par leurs manières et leurs penchants, que par leurs caractères physiques, et pendant qu’Armand avait la fragile et sensible beauté de sa mère et qu’il était paisible et tranquille, Paul possédait la mâle vigueur de son père et il ôtait en outre turbulent et étourdi.

Durand et sa sœur les traitaient avec une parfaite égalité, et si parfois Paul se sentait ému à la forte ressemblance qui existait entre son fils aîné et sa jeune et jolie mère, comme son cœur s’était autrefois épris pour sa première femme adorée, il ne laissa jamais percer aucun sentiment de préférence.