les plus froids de l’hiver. À la fin on se leva de table, et pendant la confusion occasionnée par le changement de sièges, et tandis que les hommes chargeaient leurs pipes à même leurs blagues, Durand fit à sa nouvelle femme un signe qu’elle comprit, car elle se leva aussitôt et le suivit tranquillement à travers un étroit passage qui aboutissait à un escalier conduisant à la partie supérieure de la maison. Quoique le plafond en fût bas, il y régnait comme en bas un air de bien-être. Un bel enfant de deux ans dormait dans un berceau garni d’un drap de grosse toile d’une éclatante blancheur. Penchant légèrement sa grosse main brunie par le soleil sur le front de son enfant, il dit avec un léger tremblement dans la voix :
— Eulalie, mon enfant est sans mère, voulez-vous lui en tenir lieu, voulez-vous ?
La femme regarda le petit dormeur sans rien dire : sa figure était très-agréable, et quoique très-jeune, la parfaite régularité de ses traits promettait pour plus tard de la beauté. Réveillé par le toucher de son père, l’enfant ouvrit ses grands yeux qui, ombragés par de longs cils, devinrent plus foncés, et les jeta avec étonnement sur cette figure de femme étrangère penchée sur lui. Durand, un peu surpris et peut-être peiné du silence qu’avait observé sa femme, reprit :
— Vous ne m’avez pas répondu, Eulalie ! Est-ce que vous ne serez pas une mère pour mon petit garçon ?