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nul regard de doute ou de colère, ni d’un côté ni de l’autre, ne vint assombrir le cours de leur vie commune.

Le jour suivant, quand le capitaine de Chevandier vint, on lui répondit que madame Durand était trop occupée pour le recevoir. Quand il renouvela ses visites, qu’il eut toujours grand soin d’entreprendre au moment où il savait Durand absent de chez lui, alors qu’il l’avait vu s’éloigner en arrière de sa ferme, il se flattait sans doute d’obtenir une réponse plus favorable ; mais elle était toujours la même, jointe à la mortification d’apercevoir Geneviève à l’une de ses fenêtres, engagée dans l’importante fonction de soigner ses plantes et ses fleurs.

Il retournait alors sur ses pas en grommelant un juron.

Le lendemain il disait adieu à Alonville pour n’y plus jamais revenir.

Après cela, tout alla tranquillement dans le ménage de Durand. Mais bien qu’une paix parfaite et une inaltérable affection mutuelle y régnassent, il n’y avait pas de changement perceptible dans l’économie domestique de la maison. Toutefois, l’honnête Paul était profondément satisfait et heureux ; après tout, c’était bien là le point principal. Le commérage calomnieux répandu par le vieux Dupuis s’éteignit bientôt, faute d’un nouvel aliment. Et Geneviève continua de jouir, avec le même entrain, de l’éclat des jours de soleil, des oiseaux et des fleurs, faisant taire de temps en temps ses goûts par un effort désespéré pour se mettre au soin du ménage.