— Rentres à la maison à cause de la pluie.
Quelle angoisse déchirante avait traversé son cœur pendant qu’il articulait ces paroles !
Il avait eu tant d’amour pour sa femme, tant de confiance en elle, et elle était en apparence si engageante, si aimable, si gentille, quelle qu’elle put être en réalité ! Sautant de son siège, il enleva l’attelage de dessus son cheval le conduisit à l’écurie, et sans vouloir être aidé par un de ses domestiques qui s’empressait autour de lui, il soigna l’animal et le frotta lui-même.
Sentant bien alors que l’explication si redoutée entre lui et sa femme ne pouvait tarder plus longtemps, il entra à la maison. La nappe était mise, le souper sur la table, et Geneviève l’attendait debout. Mais qu’il y avait loin de cette femme pâle et tremblante à la joyeuse créature qui avait bondi tout à l’heure si légèrement au-devant de lui pour lui souhaiter la bien-venue ! Rejetant impitoyablement les pantoufles brodées qu’on lui avait apportées, (au milieu de l’angoisse que la pauvre Geneviève éprouvait sans pouvoir se rendre compte de ce qui se passait, ce léger acte de son mari lui causa un déchirement de cœur que le travail de son imagination lui rendait encore plus cruel), il s’assit à table, mais ne voulut ni manger ni boire, excepté un grand verre d’eau qu’il avala d’un trait. Puis, il repoussa sa chaise.
— Qu’est-ce que tout cela signifie ? se demandait pour la vingtième fois la tremblante jeune femme.