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Dupuis une allusion secrète à son propre état de veuvage. Paul, bien que ce fût la première fois qu’il le vit se chagriner à ce sujet, lui dit avec bonté :

— Courage, Olivier, tous ont leurs épreuves en ce monde, dans un temps ou dans un autre ; et vous avez une assez bonne santé, assez de joyeuse humeur pour suppléer à la solitude de votre foyer.

— Quant à cela, Paul Durand, répondit aigrement Olivier, je me trouve bien moins à plaindre sans femme que beaucoup d’autres qui en ont une.

Le ton, plus encore que les paroles, était particulier, et Paul attacha un regard scrutateur sur son compagnon.

— Oui, regardez-moi bien ; je voudrais seulement que vous puissiez lire sur mon visage tout ce que j’ai dans le cœur. Ça m’éviterait de dire des choses qui ne me rapporteront pas grands remerciements, je suppose, si je les fais connaître. Oh ! Paul, Paul, pourquoi n’avez-vous pas fait comme vos voisins et vos ancêtres ont fait avant vous : choisi une femme parmi les habiles et honnêtes filles de votre paroisse, au lieu d’aller plus loin pour réussir si mal ?

— Décidément, voisin Dupuis, interrompit Paul qui commençait à se fâcher, vous avez pris ce matin, outre votre part de rhum, celle d’un autre.

Cette dernière insinuation le toucha au vif, car le vieux Dupuis excédait souvent les bornes de la tempérance, bien que cela ne lui