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Il comprit aussi qu’il devait s’abstenir de prononcer en présence de la jeune femme un seul mot qui pût être interprété comme incivil envers Paul ; il s’empressa donc de réparer sa maladresse en faisant sur Durand quelques remarques amicales et respectueuses avec ce tact et cette délicatesse dans lesquels il était passé maître.

Geneviève reprit son ouvrage, et pendant que ses doigts allaient avec une agile habileté, de Chevandier parlait ou lisait à haute voix quelques courts passages des journaux qu’il avait apportés avec lui. Le jour baissait, lorsque tout-à-coup la jeune femme se leva et le pria de l’excuser, vû que peut-etre on pouvait avoir besoin de ses services à la maison. Il l’accompagna jusqu’à la porte.

Tandis qu’il lui disait quelques mots d’adieu, deux figures épiaient en cachette leurs mouvements : c’était Manon, la fille qui avait reçu le capitaine de Chevandier d’une manière si caractéristique, et Olivier Dupuis, la plus mauvaise langue du village.

— Et vous me dites, reprit lentement ce dernier en secouant la tête d’une façon qui était de mauvais présage, que ce charmant gentilhomme de la ville vient ici tous les jours, et passe de longues heures avec Madame (en appuyant dédaigneusement sur le mot), et cela lorsque le mari est absent ! Bien, bien, Paul Durand, est-ce que tu ne pouvais pas faire comme les autres, prendre pour ta femme une fille vive et alerte de notre village, au lieu d’aller au loin choisir un pareil