Lorsque de Chevandier se représenta cet honnête Paul chaussé de grosses bottes de campagne enjambant à travers le fumier de sa cour, puis en voyant cet assemblage de perles et de soie qu’on lui destinait, une expression de piquante ironie passa sur ses traits ; il plissa les lèvres et ajouta involontairement :
— M. Durand est un homme heureux et saura, comme de raison, apprécier ce cadeau de fée. J’apprends tous les jours qu’il est un excellent fermier, et qu’il s’y entend parfaitement en fait de tout ce qui concerne la charrue, les égouts, les bêtes-à-cornes et autres horreurs du même genre.
Geneviève regarda son interlocuteur : quoique novice en ces sortes de persiflages, elle devina le mépris qu’il cachait sous les compliments à moitié ironiques qu’il faisait de Paul, et tenant constamment ses yeux fixés sur lui, elle reprit :
— Mon mari est non-seulement un excellent fermier, mais encore il est honorable et intègre, à tel point, que la plus indifférente des épouses ne pourrait s’empêcher de le respecter et de l’aimer.
Il y avait quelque chose de grand dans cette expression franche et hardie de ses sentiments, surtout chez une personne aussi réservée et aussi timide que Geneviève Durand ; et pendant que le cœur de Chevandier lui en rendait secrètement hommage, il éprouva en même temps un sentiment d’une irritation jalouse contre l’homme qui en était l’objet.