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ce de Durand : il regarda au-dessus de la porte du jardin, et il vit que Geneviève ne se trouvait pas sous le pommier, non plus que sous l’orme. Il devenait évident qu’elle ne voulait plus avoir d’entrevues avec lui. Mais de Chevandier, qui n’était pas homme à se décourager pour si peu, frappa résolument à la porte avec une badine qu’il portait, et il demanda à la servante aux allures gauches et hébétées qui lui ouvrit si madame était à la maison ?

— Elle est quelque part dans le jardin, répondit-elle sèchement.

Et persuadée qu’elle s’était acquittée de tout ce qu’elle avait à faire dans la présente conjoncture, elle poussa brusquement la porte, laquelle se referma avec un tel fracas que notre visiteur en recula.

— Quels sauvages ! se dit-il ; mais je ne me rendrai pas : il faut que je la cherche dans le jardin.

Si on avait demandé au capitaine de Chevandier pourquoi il s’acharnait ainsi à Geneviève et quels étaient ses desseins en lui portant de telles attentions, il aurait répondu sans hésiter qu’il ne lui voulait pas de mal. Madame Durand était une femme aussi jolie que charmante, et il pensait qu’un commerce d’amitié sentimental et innocent avec elle contribuerait puissamment à rendre son séjour au Manoir moins monotone et plus agréable Malgré tout cela, c’aurait été un malheur pour Geneviève si, confiante comme elle était, elle l’eut sans arrière-pensée écouté