Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/4

Cette page a été validée par deux contributeurs.
2

industrieux et économes, mais d’une économie qui n’atteignait jamais les limites de la parcimonie.

Par sa grande et droite stature, par ses cheveux et ses yeux d’un noir de jais, par son visage bronzé et ses traits réguliers, Paul Durand était un excellent échantillon des représentants mâles de cette famille. Contrairement à la plupart de ses compatriotes qui d’ordinaire se marient très jeunes, du moins dans les districts ruraux, Paul était arrivé à la trentaine avant de se décider à prendre femme, non pas qu’il fût indifférent au bonheur conjugal, mais parceque son père étant mort avant que lui-même eût atteint l’âge de virilité, sa mère avait continué à vivre avec lui sous le toit paternel, conduisant à la fois sa bourse et son ménage d’une main judicieuse mais un peu arbitraire. Françoise, sa sœur unique, s’était mariée, à seize ans, avec un respectable marchand de la campagne qui demeurait dans un village voisin et auquel elle avait apporté, non-seulement une jolie figure, mais encore une dot confortable : de sorte que madame Durand pouvait, en toute liberté, veiller sur son fils et se consacrer entièrement à lui.

C’était une bien belle propriété que celle à l’administration de laquelle présidait cette excellente dame : nous ne pouvons résister à la tentation d’en faire la description. La maison, d’une maçonnerie brute, était construite substantiellement quoiqu’avec une certaine irrégularité ; un grand orme en ombra-