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la tenue d’un ménage, car malgré qu’elle fut en personne dans sa cuisine, au milieu des fritures, des étuvées ou des grillades, ou à son lavage, ses pensées se tournaient avec passion vers l’air pur et frais du dehors, le bruissement des branches au-dessus de sa tête ; et elle pensait en elle-même, non sans soupirer, combien elle préférerait un morceau de pain et une tasse de lait au milieu d’un si délicieux repos, aux somptueux banquets apprêtés avec tous les soins et l’habileté de l’art culinaire.

N’ayant que peu de choses à faire dans son ménage, elle avait célébré le premier jour de l’absence de Paul, en prenant son dîner des mets que nous venons de mentionner, chose qui convenait bien à ses servantes qui, passionnées elles aussi pour le dolce far niente, étaient bien aises de se sauver de l’ouvrage en se servant des mêmes mets pour leur dîner et en y ajoutant un morceau de viande froide. Puis elle prit une paire de pantoufles qu’elle brodait pour en faire présent à son mari, assurée qu’elle était qu’il les trouverait aussi utiles que belles, et s’installa dans son coin au pied du vieil orme.

Il fesait un temps délicieux. Souvent elle s’arrêtait dans son ouvrage pour promener ses regards des belles collines pourprées qui se trouvaient dans le lointain aux superbes ; couleurs des bois d’automne, des nuées mélangées d’or et d’azur qui se déroulaient au-dessus de sa tête aux lames rejaillissantes du beau et majestueux Saint-Laurent. Un calme