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taxerait peut-être d’ingratitude, et que d’un autre côté, si elle se présentait avec son mari à leur résidence, renommée par ses exclusions, on les considérerait peut-être comme de désagréables visiteurs. Donc, pour sortir de ce dilemme, elle avait résolu de rester à la maison, d’autant plus que Paul ne devait être absent que quelques jours.

Le lendemain du départ de son mari, Geneviève, qui aimait beaucoup le grand air, et qui ne pouvait imaginer de plus douces jouissances que celle de s’asseoir pendant quelques heures sur un banc dans le jardin ou à l’ombre du grand orme qui ombrageait si agréablement sa demeure, à écouter le ramage des oiseaux et des insectes, prétexta un ouvrage de couture, et s’enfuit derrière le grand arbre dont le tronc la dérobait aux regards des passants et dont le feuillage la protégeait contre les rayons du soleil.

Elle avait été élevée dans une ville sombre et malpropre de France, (car quoique l’on en dise, l’on rencontre des villes sombres et malpropres dans cette partie favorite du globe) ; il n’y avait donc rien de surprenant que la campagne fût pour elle un monde inexploré, aussi délicieux que nouveau. Comme elle jouissait de sa fraîcheur, de sa beauté, de ses parfums ! comme chaque nouvelle phase de cette vie faisait naître en elle une admiration qu’elle n’osait exprimer hautement, de crainte de paraître ridicule ! Cette prédilection était peut-être la cause du peu de progrès qu’elle fesait dans la science de