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gère qui pouvait faire presque toute chose d’une manière aussi satisfaisante que la sœur de Paul elle-même. Mais, hélas ! elle avait un caractère terrible, et sans la moindre provocation, elle s’abattait comme une tigresse sur l’innocent agneau qu’elle avait pour maîtresse. Connaissant sa valeur cependant, Geneviève souffrait tout en silence ; mais une après-midi que Marie donnait libre carrière à sa mauvaise humeur en faisant des remarques insolentes et demandait pourquoi certaines personnes ont été mises dans le monde puisqu’elles ne pouvaient pas même aider une pauvre servante écrasée d’ouvrage, son maître, qu’elle croyait très-occupé dans la cour, était entré sans qu’elle s’en fût aperçue, et après avoir écouté un instant ses diatribes, il la prit par le bras, et lui ordonna de faire de suite son paquet et de partir.

Il s’en suivit naturellement une tempête. Geneviève courut chercher un refuge dans sa chambre où elle écouta, avec une alarme nerveuse, le bruit qui se faisait dans la cuisine, le fracas de la vaisselle, le cliquetis des couteaux, les mouvements spasmodiques des chaises, des bancs et des seaux qu’on renversait. Le vacarme finit pas cesser, et le mari et la femme se sentirent tous deux soulagés quand la porte se referma sur leur habile mais redoutable servante, — Paul remerciant pieusement mais d’une manière quelque peu obscure, la Providence « de la paix qui leur était maintenant accordée, quand même ils devraient retomber dans le chaos où ils