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les gaies réunions du monde à la mode. Cependant, il vint un temps où il fut obligé, du moins une fois, de se départir de son habitude : ce fut à l’occasion du mariage de son ami Belfond.

Celui-ci, malgré ses fréquentes et vigoureuses tirades contre le mariage et le beau sexe, s’était tout-à-coup décidé, après une connaissance de trois semaines et une cour de huit jours, de conduire à l’autel une fillette de seize ans, toute fraîche sortie de son costume bleu, — couleur alors portée par les élèves du Couvent de la Congrégation Notre-Dame, — et qui, pour contrebalancer son extrême jeunesse, possédait une jolie figure et des manières tout-à-fait gentilles et aimables. Le commérage de Québec avait décidé que la jeune personne qu’il avait choisie était Gertrude de Beauvoir, et Durand s’était senti mécontent de lui-même par l’étrange et sourde douleur ainsi que par le sentiment de tristesse que cette nouvelle lui occasionna.

Un matin, Belfond entra dans ses confortables chambres. Armand essaya inutilement de rendre cordial l’air de préoccupation qu’il avait en l’apercevant. Son ami l’informa, avec un air souriant mais un peu embarrassé, qu’il était venu pour lui donner une chance de lui souhaiter de la joie. Alors notre héros fit de son mieux contre fortune bon cœur, accepta la proposition avec la meilleure grâce du monde et il ajouta, peut-être d’un ton un peu mordant, que lui et sa fiancée se connaissaient depuis assez longtemps pour avoir