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— S’ils lui font peur, elle peut s’abstenir de les regarder ! répondait-il sans plus de cérémonie.

Ou bien, d’autres fois, il lui arrivait de faire sa visite pendant l’absence d’Armand, et il trouvait la chambre aussi chaude qu’un four ; alors il demandait à madame Martel, d’un ton un peu froissé, quel objet elle avait en vue : si c’était de faire de suite rôtir la malade toute vivante ou de l’affaiblir jusqu’à la mort par cet atroce moyen de calorique ?

— L’affaiblir, Docteur ! répondait-elle avec indignation : un bon feu et une bonne nourriture n’ont encore jamais affaibli personne.

— S’il vous plait, madame, je ne veux pas avoir dans cette chambre de malade aucun des caprices de vieille femme : ils ont tué plus d’infortunés que la maladie ne l’a jamais fait.

— Tu veux la tuer à ta manière ! murmurait-elle à voix basse.

— En l’absence du Dr. Meunier elle défiait encore plus systématiquement ses ordres. Les promenades en plein air étaient toujours remises à un temps plus favorable ; le poële était comblé de bois et, plus que cela, elle jetait de côté les toniques et les potions du médecin, sous le prétexte qu’une tasse de bouillon ou un verre de vin chaud ferait plus de bien que ses dégoûtantes médecines.

Ce qu’il y a de curieux, c’est que madame Martel qui n’avait aucune confiance dans les préparations du médecin, en avait beaucoup dans ses propres tisanes et elle en fournissait avec abondance à la malade. Ce-