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changement dans l’humeur de Délima : son caractère subit une douce influence. Il y eut bien encore de puériles chagrins et des plaintes pour que le Docteur Meunier en perdit quelques fois patience ; mais le vieil esprit d’arrogance et d’agression disparut. Sa dépendance d’Armand était maintenant portée jusque dans ses plus petits détails. Ainsi, lorsqu’approchait l’heure de son retour du bureau, elle s’asseyait près de la fenêtre pour le voir arriver, s’il était en retard, ce qui arrivait quelques fois lorsqu’il avait des commissions, elle lui faisait des reproches de sa négligence et de son indifférence, prétendant qu’il ne venait tard que parce qu’il trouvait ennuyeux le temps qu’il passait avec elle.

Pour quelqu’un qui aurait eu des dispositions moins généreuses et moins douces qu’Armand Durand, tout aurait été pénible et intolérable, mais il trouva une excuse à ces tracas dans la santé maladive de sa femme dans sa condition solitaire et isolée. Ils n’avaient pas d’amis et de connaissances à Québec, et ils n’en firent pas. Armand connaissait quelques avocats et des étudiants dont il avait rencontrés quelques-uns à Montréal, mais l’intimité n’alla pas plus loin qu’au salut ou peut-être à une poignée de main lorsqu’il les rencontrait dans la rue. Heureusement pour Délima que son hôtesse était une douce et excellente personne ; mais les soins de son ménage, joints à l’occupation de ses pensionnaires et de trois petits enfants,