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et l’autre son mauvais ange. Cependant il repoussa immédiatement cette idée, et il se sentit soulagé lorsque, par un mouvement de curiosité, Délima se rendit à la fenêtre, attirée par des sons de voix et le tintement de clochettes : c’étaient, comme elle avait supposé, madame de Beauvoir et sa fille qui entraient dans leur sleigh magnifiquement équipé et traîné par une paire de splendides chevaux bruns.

Cette vue excita tellement son intérêt qu’elle oublia son chagrin et sa colère, et séchant ses larmes, elle demanda à la servante qui venait d’entrer pour préparer le repas du matin, si ces dames partaient sans prendre le déjeûner ?

— Non, répondit la femme de chambre ; elles se sont fait servir dans leur chambre un déjeuner qu’elles ont généreusement payé et auquel elles n’ont presque pas touché. La plus vieille dame paraissait fatiguée de n’avoir pu dormir de la nuit, le tapage que l’on avait fait dans la chambre voisine.

Armand tressaillit. La fille qui parlait ne soupçonnait pas que le paisible monsieur qui était devant elle avait été l’un de ceux qui avaient troublé le repos de madame de Beauvoir ; mais il n’en sentit pas moins pour cela la honte, l’humiliation du moment, et il lui fallut un regard sur le rubis qui brillait à son doigt pour se remettre.

Délima, pour s’indemniser du désappointement d’avoir perdu une seconde rencontre avec les dames de Beauvoir, se donna des