jamais boire à cette coupe fatale. Du moins, je ferai mes efforts pour me montrer et devenir digne du sympathique intérêt que vous avez daigné prendre d’un être aussi indigne que moi.
Le visage de Gertrude se rasséréna.
— Je sais, dit-elle avec une expression de bonheur, je sais que cette promesse sera fidèlement tenue. Maintenant, acceptez cette bague, — et elle tira de son doigt un superbe rubis — portez-la, non comme souvenir de celle qui vous la donne, mais en mémoire de la promesse solennelle que vous avez faite au moment où elle vous fut présentée.
La bague, qui était trop grande pour Gertrude, allait très-bien au doigt d’Armand.
— Elle sera portée aussi longtemps que ma promesse sera tenue, c’est-à-dire jusqu’à la mort ! dit-il en la passant dans l’un de ses doigts.
— Merci, M. Durand. Et maintenant adieu : nous partons ce matin, et je ne vous reverrai probablement plus.
Ils se donnèrent la main et se séparèrent.
Lorsqu’il fut seul, Armand pencha respectueusement la tête et demanda à Dieu la grâce de garder inviolable sa promesse, et il le remercia en même temps de ce qu’il y eût sur cette misérable terre des femmes comme Gertrude de Beauvoir. L’amitié que lui avait témoignée cette personne à l’esprit noble et généreux, le releva dans sa propre estime, lui fit rappeler les hautes aspirations qu’il