— Armand Durand, dit-elle d’une voix basse et saccadée, me serait-il permis de vous parler avec toute la liberté et la franchise d’une amie ?
Le jeune homme, trop surpris et agité pour répondre de vive voix, fit un signe de tête affirmatif.
— Alors je vous demanderai, par la mémoire des parents qui vous ont si tendrement aimé, par la considération générale que vous vous êtes acquise jusqu’ici, par le souvenir de notre vieille amitié d’enfance, de promettre solennellement que vous ne céderez plus jamais à la tentation qui vous a si complètement dominé hier soir ?
La figure d’Armand devint cramoisie. Ah ! elle connaissait-donc sa dégradation ! Eh ! bien, qu’est-ce que cela lui importait à elle, cette belle et orgueilleuse jeune fille, si éloignée de son cercle à lui et aux siens ?
Le même signe de détermination qui avait obscurci son front lorsque Gertrude était entrée reparut encore.
— Mille merci, mademoiselle de Beauvoir, répondit-il, du généreux intérêt que vous témoignez pour mon bien-être, mais je n’aimerais pas à m’engager de la manière que vous demandez. D’irrésistibles et fortes tentations peuvent surgir, et j’aurai assez à faire en y cédant sans avoir à augmenter le nombre de mes méfaits en violant une promesse que je vous aurais faite.
— Ceci n’est pas une réponse et je ne l’accepterai pas comme telle. Pour venir vous