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l’aubergiste demanda aussitôt à madame et à monsieur de vouloir bien passer dans l’autre chambre. Ils ne se firent pas prier, et en entrant ils se trouvèrent inopinément en présence de madame et de mademoiselle de Beauvoir.

Saisi d’étonnement, Armand fit un pas ou deux en arrière et ses joues devinrent écarlates ; mais se remettant enfin, il salua poliment les deux dames. Madame de Beauvoir répondit par une inclinaison de tête superbe quoique polie ; mais Gertrude, évidemment dominée par le même embarras qui s’était emparé du jeune Durand, devint rouge aussi, puis elle salua avec hésitation.

Délima, qui avait eu occasion de voir quelques fois ces dames dans les rues de Montréal, les reconnut de suite. Elle remarqua l’embarras mutuel, quoique passager, de son mari et de l’aristocratique jeune fille, que malgré sa rare beauté à elle-même et l’élégance parfaite de sa propre toilette, elle reconnaissait lui être si éminemment supérieure.

Piquée par ce contraste défavorable, offensée de la froideur des deux nobles dames, — laquelle n’était pas de nature à encourager à se faire présenter ou à lier connaissance — elle demanda à son mari d’un air de dignité affectée, s’il ne pourrait pas avoir une des servantes pour l’aider à se déshabiller.

— Elles sont trop occupées, répondit-il ; je t’en prie, laisse-moi t’aider ?

Décidée à montrer son importance et son

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