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comment il pouvait se résoudre à perdre un temps si précieux à acquérir une science qui, peut-être, ne lui rapporterait jamais rien. En supposant même qu’il continuât ses études et qu’il subît avec succès son examen, — chose qui devenait tout-à-fait douteuse dans l’état d’abattement et de désespoir où il était plongé, — qui l’assurait que les clients lui viendraient et qu’on lui donnerait des causes ? En mettant les choses au mieux, cela ne pouvait arriver avant plusieurs mois, et pendant ce temps-là les dettes, les désagréments et les difficultés le serreraient de près, et la hideuse pauvreté était là, comme un spectre, assise à son foyer.

Par une sombre matinée d’orage, il s’était levé la tête remplie de toutes ces pensées qui s’acharnaient à lui avec une inflexible ténacité. Sans prêter d’attention aux reproches que lui faisait Délima au sujet de sa paresse apparente, ni à ses fortes lamentations sur son sort, il restait assis, la tête appuyée sur ses mains, immobile comme une statue, pendant de longues et ennuyeuses heures, sans concevoir ni plans ni projets, mais se laissant aller à un morne désespoir. Tout à coup une main légère s’appuya sur son épaule et une voix amie — celle de Belfond — résonna à son oreille.

— Holà, Armand, disait-elle, tu viens de faire un somme ! À deux reprises je t’ai dit bonjour et je n’ai pas encore reçu de réponse.

Armand leva les yeux avec un sourire