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qu’il s’imposait après les heures de bureau. Plusieurs articles superflus du ménage, parmi lesquels s’en trouvaient dont on aurait pu fort bien se dispenser de faire l’acquisition, furent vendus pour faire face aux exigences du moment, et à chacun de ces sacrifices Délima se lamentait comme si on eût blessé une des fibres de son cœur.

Madame Martel qui était devenue une commençale assidue du logis joignait, naturellement, ses vigoureuses lamentations à celles de la jeune femme, branlant la tête outre mesure et soupirant sur un ton lamentable : oh ! ma pauvre, pauvre Délima ! C’était au point qu’Armand pensait en devenir fou. Une fois que sa femme avait été particulièrement vive dans ses jérémiades et que madame Martel la secondait de son mieux, le pauvre mari les réduisit l’une et l’autre au silence en se tournant vers la visiteuse et en l’informant que ce qu’elle avait de mieux à faire pour la tranquillité de tous était de ramener Délima avec elle et de la garder jusqu’à ce qu’il eût une demeure plus riche à lui offrir. Mais cette explosion était un événement rare et l’influence morale qu’elle eut sur le moment passa bientôt, laissant encore une fois les adversaires du jeune homme maîtresses du champ de bataille.

Pendant qu’il supportait de son mieux les infortunes qui l’entouraient, se laissant un jour aller au découragement et renouvelant le lendemain les résolutions qu’il avait prises de lutter vaillamment contre le sort et de