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Il ne lui répondit pas autrement qu’en lui pressant la main et en détournant légèrement la tête. Un nouveau silence s’établit entr’eux et dura jusqu’à ce qu’un coup frappé à la porte les fit se lever. Armand alla ouvrir, et sa jeune femme entra, portant sur ses traits réguliers un air demi revêche, demi provocateur.

— Comment trouves-tu la vie de ménage d’un vieux garçon ? demanda-t-elle avec aigreur. Tu avais tant de sympathie pour Lizette que…

— Tante Françoise est ici ! interrompit-il avec gravité.

Honteuse et confuse. Délima se retourna vivement et courut embrasser madame Ratelle qui la laissa faire froidement sans lui rendre sa caresse. Elle marmotta quelques excuses et le regret de n’avoir pas su que sa tante devait venir, car elle serait rentrée plus tôt pour lui donner le souper.

— Pourquoi, enfant, aurais-tu plus d’attentions et de prévenances pour moi que tu n’en montres à ton mari ? Les titres qu’il y a sont bien plus grands que les miens.

La jolie bouche de la jeune femme fit la moue, son beau front se contracta, et elle partit pour aller se déshabiller en secouant légèrement la tête.

Dans les jours lointains du passé, alors qu’elle s’était montrée si sévère sur la manière déplorable dont Geneviève conduisait son ménage, la pauvre tante Françoise avait été loin de penser qu’un jour viendrait où elle