Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.
254

vons pas un bon souper, nous aurons dans tous les cas un bon feu.

Elle se leva rapidement et répondit en riant :

— Mais, mon cher neveu, nous aurons les deux !

Et s’étant débarrassée de ses vêtements de sortie, elle prit une essuie-main qui gisait sur une chaise tout près de là, et tout en la fixant autour d’elle afin de garantir sa robe et en rejetant en arrière les attaches de mousseline de sa coiffe :

— Maintenant, dit-elle, tu vas voir comme la vieille tante n’a pas oublié son ancienne besogne.

Nonobstant l’opposition qu’y mit son neveu, elle commença avec célérité à rétablir en ordre le chaos qui régnait dans la cuisine. Cela fut bien vite fait, et quelque temps après un excellent souper composé de pain rôti, de jambon et d’œufs, — car le garde-manger était convenablement pourvu — était placé sur la table.

Durant le repas elle le questionna avec intérêt sur les projets qu’il avait pour l’avenir ; elle se montra satisfaite de ce qu’il poursuivait avec tant d’ardeur ses études légales, mais elle parla peu, très-peu, de ce qui concernait ses affaires domestiques. Une fois seulement, après un long silence, elle mit doucement sa main sur la sienne et dit tout bas en le regardant fixement en face :

— Armand, mon fils, je crains que tu ne sois pas très-heureux !