— Mais pourquoi donc ne lui donnes-tu pas son congé et n’en prends-tu pas une autre ? répondait alors Armand en se passant d’une manière désespérée la main dans les cheveux.
Mais cela ne faisait pas l’affaire de madame Durand. Elle savait Lizette une excellente domestique, industrieuse, aimant le travail et honnête ; elle ne voulait que se donner le luxe de gronder.
Pendant ce temps-là les visites de madame Martel devenaient de plus en plus nombreuses, et sa présence dans le jeune ménage très-fréquente. L’espèce de honte qu’elle avait laissé voir lors de sa première visite, après la tempête que nous avons signalée, disparut bientôt et fut remplacée par des tirades sur l’incompétence et l’inutilité de Lizette, le tout entremêlé de temps à autre par des avertissements au chef de la maison.
Un jour que les deux dames discutaient ensemble les défauts de la pauvre servante. Lizette, qui avait à dessein laissé la porte de la cuisine entr’ouverte afin de profiter de l’analyse que l’on faisait ainsi de son caractère, entra dans la salle comme un ouragan et leur déclara qu’il était facile de voir qu’elles n’avaient pas été habituées à avoir des domestiques ; que elle, Lizette, qui avait vécu avec de vraies dames avant de venir dans cette maison, pouvait leur dire qu’elles étaient toutes deux des parvenues, et que pour aucune considération elle ne consentirait à passer une nuit de plus à leurs ordres.