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différentes, j’ai vu la petite fille de la veuve Lapointe passer dans la cour portant ces tartines et ces pâtés. En fait de cuisine, rien d’aussi appétissant ne peut plus être préparé ici, à moins que je relève mes manches et que je me mette moi-même à l’œuvre.

Le pauvre Paul se trouva considérablement déconcerté, car il était allé secrètement, trouver la veuve Lapointe et l’avait payée d’avance pour la confection de ces friandises, espérant que l’œil exercé de sa sœur croirait qu’elles étaient de facture domestique. Il se mit donc à fumer plus fort et sans souffler mot, pendant que l’impitoyable madame Chartrand continuait :

— Regardes le jardin : il ne peut être comparé qu’à celui d’un fainéant, tant il est rempli de mauvaises herbes et de chardons, et cependant je vois deux grandes paresseuses de servantes qui ne font que flâner ici. Notre mère n’avait qu’une domestique, et de son temps ce même jardin fesait l’admiration de toute la paroisse par son magnifique étalage de légumes, de fruits et même de fleurs. Je ne vois, non plus aucune trace de toile ou de linge de ménage comme chaque femme d’un Durand avait toujours été capable d’en faire pour son mari et ses enfants… Veux-tu me dire ce que fait ou ce que peut faire Geneviève ?

Une vive rougeur s’était graduellement répandue sur le visage hâlé de Durand ; enfin, frappant la table d’un grand, coup de poing :