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se demander comment il pourrait le réaliser et si son orgueil et son indépendance lui permettraient jamais de solliciter de la tante Ratelle de l’aide pour mettre son projet en pratique.

Le sort vint à son secours et arrangea l’affaire en lui ménageant une rencontre avec sa tante Françoise qui était venue à la ville pour la première fois depuis la mort de son frère Paul Durand. Armand ayant sa jeune femme à son bras se rencontra face à face avec elle au moment où elle sortait d’un de ces magasins sombres et bas, comme alors il en existait encore quelques-uns à Montréal. Le jeune homme qui se rappelait toutes ses bontés pour lui, était charmé de la rencontre et il démontrait clairement par ses manières et ses paroles tout le plaisir qu’il en éprouvait. La froideur que madame Ratelle avait d’abord montrée se fondit bientôt sous le charme enchanteur de son accueil affectionné et sous les pressantes sollicitations du jeune couple de vouloir bien les suivre et partager l’hospitalité de leur pension. Elle refusa en les remerciant ; mais comme compensation à son refus, elle les invita à aller prendre le dîner avec elle à l’hôtel paisible et respectable où elle était descendue.

L’invitation fut de suite acceptée, et tout se passa d’une manière satisfaisante. Inutile d’ajouter que madame Ratelle vit avec infiniment de déplaisir les coûteuses fourrures et l’élégant manteau qui accoutraient la femme d’un pauvre étudiant en Droit, mais Dé-