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temps on oublie de leur en donner, bien que les restes de repas qui sont perdus suffiraient amplement pour faire d’eux des volailles de prix… Qu’as-tu à répondre à tout cela, frère ? Oui, je te le dis : tu es sur le grand chemin de la ruine.

— Non, Françoise, il n’y a, quant à cela, aucun danger. Dieu est très-bon pour moi.

— En disant cela, Paul ôta son chapeau en signe de respect. — Ma récolte a été cette année beaucoup plus considérable que toutes celles que j’ai cueillies jusqu’ici, quoique bien souvent mes greniers aient été remplis jusqu’au comble. Avec moi tout a prospéré en quantité et en qualité, et grâce au ciel, nous ne nous apercevrons pas des pertes qui peuvent se faire sentir dans la laiterie ou la basse-cour.

— Eh ! bien. Paul, c’est très-heureux que tu jouisses d’une aussi bonne fortune, car tu en as grand besoin… Mais voyons maintenant pour ton propre confort. Ta table — tu ne dois pas m’en vouloir si je te parle aussi franchement, car tu m’as permis de te dire tout ce que j’ai sur le cœur — ta table est, j’en suis certaine, la plus mal fournie de toutes celles de la paroisse.

— Mais, chère sœur, nous avons eu dernièrement de très-bons pâtés et d’excellentes tartes, il me semble.

— Ah ! frère, tu peux bien paraître embarrassé et regarder le fourneau de ta pipe en disant cela ; quoique tu fasses, tu ne me donneras pas le change. En deux ou trois occasions