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me. J’espère que la petite Délima se montrera digne de vous !

En moins d’une heure Durand revint chercher sa femme qui, tout éplorée, embarqua dans le sleigh sans proférer une seule parole, car elle avait déjà fait ses adieux à la famille.

Arrivés à leur nouvelle résidence, laquelle paraissait rangée et confortable, Armand procéda à prendre possession de leur petit mais propre appartement en dépaquetant et en pendant ses hardes, en mettant ses livres et ses papiers à leurs places respectives. Pendant ce temps-là, Délima était assise sur un coffre, inconsolable, éclatant de temps en temps en de nouveaux sanglots.

Lorsqu’on sonna la cloche pour le thé, elle refusa avec indignation de prendre de ce rafraîchissement, en sorte qu’Armand descendit seul. Le repas était certainement une amélioration sur ceux très-mesquins qu’on lui avait servis dans ces derniers temps, et il fit l’agréable réflexion que dorénavant il pourrait les prendre en paix sans avoir à essuyer un feu roulant de reproches et de récriminations. Il n’y avait que quatre autres pensionnaires : deux vieilles filles qui étaient sœurs, unies dans leur toilette et affectées dans leur parler, et un couple tranquille d’un certain âge avec lequel, cependant, l’hôtesse babillarde et souriante tenait une conversation assez vive. Lorsqu’Armand retourna à sa chambre il la trouva en quelque sorte triste, le feu s’était éteint. À force de pleurer