vincible patience de leur victime qui, cependant, en dépit de tout, tint fermement la résolution qu’il avait prise de ne pas demander d’argent a ses parents ou à ses amis.
Il est certain, toutefois, que l’on ne peut trop bander un arc, ni remplir un vase outre mesure. Madame Martel était destinée à apprendre cela à ses dépens.
Après un dîner qu’Armand venait de prendre à la hâte, comme il se préparait à partir pour le bureau, Délima l’informa d’un air boudeur qu’elle avait un grand besoin d’argent. Il tira aussitôt de sa poche sa bourse maigrement remplie et la lui donna.
— Délima, c’est tout ce que j’aurai d’ici au mois prochain, dit-il, mais je le donne de bon cœur.
La jeune femme prit la bourse, l’ouvrit et en versa le peu qu’elle contenait sur la table.
— Cela ne peut servir à rien ! dit-elle dédaigneusement.
— Mais de quoi as-tu plus spécialement besoin dans le moment ?
— D’abord un capot neuf pour toi : celui que tu portes actuellement est affreusement usé…
— Oh ! est-ce tout ? interrompit-il. Dieu merci, le mien me passera bien l’hiver !
— Eh ! bien, si ton capot peut faire pour l’hiver, ma vieille pelleterie ne fera pas : elle est tout-à-fait disgracieuse à côté de mon manteau neuf.
— Oui, c’est vrai, intervint madame Martel. C’est encore plus laid pour une nouvelle mariée.