sa demeure si heureuse qu’il soit impossible de cajoler son mari et de le lui enlever.
Et après cette réplique à la vieille dame et un salut profond à la jeune femme qui boudait près de la fenêtre, il tira la porte sur eux.
— Je donnerais beaucoup, Armand, pour être à ta place pendant un mois, afin d’apprivoiser et dompter cette vieille mégère. Je crois que mes haînes seraient plus fortes et plus constantes que mes amours.
— Je ne puis souffrir de me quereller avec des femmes ! répondit Armand d’un air ennuyé.
— Je ne suis pas si délicat que cela, moi, et je frotterais ce vieux gendarme avec autant de plaisir que j’en éprouvais à faire une bataille rangée au collège. Je t’assure que je ne ferais quartier ni à son âge ni à son sexe.
Lorsque les deux amis furent confortablement assis en présence des huîtres dans une chambre agréablement chauffée, Armand commença à ouvrir un peu son cœur à son compagnon. Il repassa à la hâte les incidents de la mort de son père, ayant soin de supprimer en grande partie la trahison de Paul ; et alors, quoiqu’avec une grande répugnance, il mentionna les circonstances liées à son mariage.
Belfond vit de suite jusqu’à quel point son ami avait été dupé, mais il ne fit aucun commentaire tandis qu’Armand lui contait qu’il continuait, pour se conformer aux ardents désirs de sa tante, à toucher l’intérêt du legs