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pendant lequel Durand cherchait évidemment une réponse, lorsqu’on entendit distinctement à travers la mince cloison la voix de madame Martel qui disait, probablement en réponse a quelque suggestion de son mari :

— Du feu ! en vérité, non ! nous ne pouvons pas nous permettre de telles prodigalités. S’ils ont froid, qu’ils sortent et qu’ils viennent s’asseoir ici. Je suppose que nous sommes pour eux une assez bonne compagnie !

Cette tirade fut lancée à voix trop haute pour que Belfond ne l’entendit pas ; aussi, regarda-t-il fixement Armand dont la figure exprimait assez clairement la mortification et la peine qu’il en ressentait.

— Pauvre ami ! murmura-t-il.

Cependant Rodolphe Belfond n’était pas de ceux qui se laissent aller longtemps à la tristesse : il prit la casquette d’Armand et la lui mettant sur la tête :

— Allons, dit-il, faire un tour, et après cela nous irons chez Orr manger une soupe aux huîtres, ce qui nous permettra de nous raconter nos mutuels chagrins.

Armand ne fit aucune opposition et se laissa entraîner.

Comme les deux amis sortaient bras dessus bras-dessous, madame Martel s’en vint au devant d’eux et leur dit d’une voix aigre :

M. Belfond, c’est donner de mauvais exemples à un mari que de l’enlever ainsi à sa jeune femme.

— Alors, madame Martel, le moyen d’empêcher cela c’est que la jeune femme rende