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rée lui-même, avait fait place à une vulgaire ostentation pour la toilette et à de ridicules manières empruntées qui le surprirent et le dégoûtèrent à la fois : il comprit dès lors la gravité de l’erreur que son malheureux ami avait commise dans le choix d’une femme.

Au bout de quelque temps, s’apercevant que le nouveau marié paraissait ne pas vouloir parler, il l’entretint gaiement de ses propres affaires.

— Tu dois savoir, lui dit-il, qu’à l’exception des quelques semaines de la maladie de mon pauvre oncle Toussaint, pendant lesquelles j’ai eu un peu de repos, ma mère, mes sœurs et mes cousins ont été continuellement et sont encore à m’importuner pour me faire faire ce que tu as fait si spontanément, me marier. Mais ma destinée s’y oppose : je vois une jeune fille, j’y prends goût, je me félicite sur la perspective qu’il y a d’être capable de rencontrer les désirs de mes amis, car, bien entendu, je ne veux jamais me marier sans amour, et tiens ! avant que l’objet de mon adoration et moi nous soyons vus cinq ou six fois, ma flamme commence à se refroidir, et au bout d’une douzaine d’entrevues elle est complètement éteinte. Je suis certain qu’il y a peu de jolies filles dont je n’aie été passionnément amoureux pour quelque temps, et cependant je crois que je préférerais être pendu demain matin que de me marier avec l’une d’elles. Voyons, avise moi sur ce que j’ai à faire.

Il s’établit un silence de quelques instants