Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.
219

La porte s’ouvrit tout-à-coup et l’hôtesse, après n’avoir prononcé que ces deux mots : « M. Belfond », déposa un chandelier sur la table et se retira à la hâte, fermant la porte avec une violence extraordinaire.

Pendant un moment, les deux amis, en proie à un mutuel embarras, se regardèrent l’un l’autre ; puis Belfond, prenant sur lui, étendit sa main, saisit celle d’Armand et la pressa vivement.

— Eh ! bien, mon vieux, s’écria-t-il, il est bien temps que je vienne te souhaiter de la joie et du bonheur ; depuis que tu es marié j’ai été constamment absent de la ville, je suis seulement arrivé d’hier. Mon pauvre oncle Toussaint est, je l’espère, dans un meilleur monde que celui-ci, (ici Durand remarqua pour la première fois que son ami était en grand deuil) et sa générosité pour moi méritait toutes les attentions et l’affection dont j’étais capable. Je n’ai pas besoin de te demander si tu es bien et heureux : les nouveaux mariés devraient toujours l’être.

Comme de raison, Armand répondit dans l’affirmative, et il essaya de paraître aussi heureux que l’on pouvait raisonnablement s’attendre à le trouver sous les circonstances ; mais sa figure hagarde et pleine de soucis ne put échapper aux regards sagaces de son ami, auquel une lueur de la vérité était parvenue dans la courte entrevue qu’il venait d’avoir avec la nouvelle mariée. Il avait remarqué que la gentille et modeste réserve qui la distinguait naguère et qu’il avait tant admi-