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me recevait froidement son salut souriant, il s’assit et attendit la tempête qui approchait, mais pas avec le même calme philosophique que Martel.

— J’aimerais à avoir une nouvelle toilette, Armand, dit tout-à-coup la jeune femme d’un ton pétulant

— Mais tu en portes actuellement une qui te va à la perfection et te rend charmante.

— Je ne te demande pas de compliments : c’est de l’argent que je veux.

— Hélas ! je n’en ai pas à donner. Tu vois un des désavantages d’être mariée à un homme pauvre ; mais, en cas que je trouve une bourse ou que je reçoive un héritage quelconque, quelle espèce de robe veux-tu ?

— Une robe de soie violette avec une barre de satin. J’ai vu aujourd’hui une dame qui en portait une.

— Oui, et une qui avait l’air raide, interrompit madame Martel. Si vous l’aviez vue marcher avec son air hautain, comme si elle avait été une reine, et jeter sur Délima et moi un regard comme si nous avions été des quêteuses. Mais Délima est bien plus jolie qu’elle.

— Quelle était donc cette dame à l’air raide et portant une robe de soie pourpre avec une barre de satin ? demanda Armand en riant et en se servant d’un morceau de pain rôti.

— Une qui avait coutume de bien te connaître quoiqu’elle soit trop fière pour connaître ta femme, mademoiselle de Beauvoir, dit Délima en faisant un petit mouvement de tête.