Page:Leprohon - Armand Durand ou la promesse accomplie, trad Genand, 1869.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.
214

ou trois goëlettes chargées d’huîtres ou de bois, derniers visiteurs du port, se dessinaient obscurément dans la faible lumière ; ça et là un réverbère éclairait faiblement à travers la neige qui tombait en abondance. Il s’arrêta et s’appuya longtemps sur un des poteaux de ces lampes, absorbé par des pensées aussi tristes que la scène qui se déroulait autour de lui. Cédant, enfin, à un sentiment de malaise physique, il dirigea ses pas vers sa demeure.

Quoique la veillée ne fût pas encore bien avancée quand il y arriva, il trouva les lumières et le feu éteints et la contre-porte fermée. Pour exercer cette petite vengeance, madame Martel et Délima s’étaient retirées de bonne heure. Pendant qu’il frappait doucement à la porte, il pensait en lui-même combien il lui serait agréable si sa jeune lemme venait lui ouvrir, avec un mot ou un sourire de douceur sur les lèvres. Comme alors il oublierait volontiers les désagréments et les ennuis de ce soir-là ! Une lumière brilla tout à coup à l’intérieur, et l’on fit partir le crochet de la porte ; mais c’était le digne M. Martel lui-même.

— Pauvre Armand ! vous devez avoir bien froid ? Quoi ! vous êtes mouillé jusqu’aux os. Asseyez-vous et je vais faire du feu pour vous chauffer. Vous n’avez pas besoin de dire non, parce que si je n’en fais pas vous serez malade demain matin. Vous avez déjà le frisson.

Le bonhomme eut d’abord la précaution