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Madame Martel précipita les affaires avec une énergie qui effraya franchement le pauvre Armand, lequel protesta inutilement contre cet empressement.

Quelque temps après, par un sombre et triste matin, à six heures, Armand Durand et Délima Laurin furent mariés. Il n’y eut pas de déjeuner de cérémonie, ni de beaux cadeaux de noces, ni de réunion d’amis et de connaissances pour leur souhaiter bonheur et prospérité. Madame Martel, qui craignait l’intervention de sa famille, avait extorqué d’Armand la promesse de n’écrire chez lui que lorsque l’événement serait accompli ; il y avait consenti, d’autant plus volontiers qu’il savait bien quel mécontentement occasionnerait la nouvelle de son mariage.

Lorsqu’ils revinrent de l’église ils furent accueillis par un succulent déjeûner : madame Martel était, comme de raison, toute souriante et remplie de félicitations, et l’aimable mariée elle-même dont le teint était animé paraissait tout-à-fait heureuse. Cependant, de temps en temps il passait sur la figure du marié une ombre légère qu’il s’efforçait en vain de cacher, mais c’était peut-être l’effet de l’obscure lueur d’un jour sombre. La question de savoir si la jeune femme qui était à ses côtés lui aiderait à dissiper cette ombre ou à l’augmenter, était du domaine des impénétrables et mystérieux secrets de l’avenir.