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toute spéciale qui la faisait se réjouir doublement de son arrivée. En effet, après lui avoir petit à petit arraché la promesse d’en garder le secret, elle lui fit la confidence que sa pauvre petite cousine se mourait d’amour pour M. Armand ; qu’elle se souciait fort peu des autres messieurs, — ses amis à lui, — qui lui avaient si souvent adressé des compliments, non plus que des deux jeunes et riches cultivateurs de Saint-Laurent qui avaient vainement essayé de gagner ses affections. Non, tout son amour ôtait pour M. Armand seul.

Sans avoir trop de vanité, notre héros ne vit rien d’invraisemblable dans la révélation de madame Martel, d’autant plus qu’il se souvenait encore des remarques que lui avait faites Rodolphe Belfond peu de temps après l’arrivée de Délima, touchant la préférence visible qu’elle montrait pour lui. Cet aveu était bien flatteur pour son amour-propre, que la hauteur de mademoiselle de Beauvoir avait si impitoyablement blessé, et très-consolant pour ses affections si rudement outragées par les conséquences de la fausseté de Paul. Il y avait donc un cœur qui battait pour lui ! Un puissant sentiment de cette gratitude qui est inhérent à l’amour, s’empara de lui à la pensée que la jeune, fraîche et belle Délima se chagrinait, priait et ne vivait que pour lui. Ah ! sa douceur féminine ne la porterait jamais à outrager les sentiments même d’un ennemi, comme l’avait fait cette beauté de haute naissance. Mais de crainte que