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— Ah ! comme de raison elle l’aime, par conséquent elle me haït, se dit notre héros. Que suis-je, moi, fils du cultivateur Durand, en comparaison de l’héritier des de Montenay ? Insensé que je suis ! de quelle folie ais-je donc été possédé depuis quelque temps ! j’en suis maintenant guéri et pour toujours !

Il revint à la maison abattu à l’extrême ; il se retira dans la chambre qu’il avait occupée depuis sa dernière arrivée, et là il se laissa tomber sur une chaise, dans un accablement à faire croire qu’il n’y avait plus pour lui aucun attachement à la vie.

La tante Françoise entra et le supplia de descendre pour souper ; mais il refusa, en alléguant un violent mal de tête. Puis elle parla de ses projets, et il s’en suivit une assez longue discussion. Son indignation ne connut point de bornes, lorsqu’elle apprit de lui qu’il se proposait d’abandonner l’étude du Droit et d’essayer de se procurer une place de commis. Il fut abasourdi des reproches qu’elle lui adressa, en le qualifiant d’être un ingrat à la mémoire de son père et de sa mère, et d’indifférence à l’honneur de la famille. Armand lui fit remarquer que maintenant, grâce à la trahison de son frère, il n’avait pas d’autres moyens que ceux qu’il pourrait se gagner par son travail ; alors elle le pressa avec chaleur d’accepter le legs qui lui avait été laissé à elle-même.

— Est-ce que je l’aurais accepté, dit elle, si je n’avais eu l’intention de te le transporter ?