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— N’en soyez pas inquiet, cher père, dit Armand d’une voix caressante : nous arrangerons le tout pour le mieux.

Une expression de soulagement, puis de bonheur se répandit sur le visage de Durand, mais sa voix baissait sensiblement.

— Priez, priez ! disait-il presqu’inintelligiblement.

Un des voisins prit un livre de dévotion et lut d’une voix entrecoupée de sanglots la prière des agonisants.

Un instant après le mourant agita les lèvres. Son fils aîné se pencha tout près de lui et put distinguer ce seul mot : « Geneviève ! »

Ce fut le dernier que Paul Durand prononça en ce monde : peu après son âme s’envolait.

Lorsqu’on eut avec respect et émotion fermé les yeux de son père et lu d’autres prières, Armand se leva et sortit de la chambre, suivi de près par madame Ratelle.

— Embrasse-moi, mon pauvre et malheureux garçon, lui dit-elle comme ils entraient dans la jolie petite chambre à coucher qu’il avait toujours partagée avec Paul depuis leur enfance.

Et l’attirant près d’un siège :

— Assieds-toi là, continua-t-elle, et dis-moi pourquoi tu n’es pas venu plus vite ?

— Dites-moi plutôt, interrompit-il avec un emportement qui n’était pas dans son caractère, dites-moi plutôt pourquoi on ne m’a pas demandé de venir ? pourquoi ce traître et vil Paul ne m’a pas écrit ?