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ou trois demoiselles étaient aussi parmi les invités, mais mademoiselle de Beauvoir brillait par son absence. Madame Belfond lui avait écrit elle-même ; mais Gertrude, prétextant un engagement conclu avec son oncle, M. de Courval, pour passer quelque temps à Alonville, s’était excusée de ne pouvoir accepter pour le présent l’invitation dont cependant elle se prévaudrait plus tard.

Une après-dînée, Armand arrêta au bureau de poste pour s’informer s’il y avait quelque lettre à son adresse, et on lui remit un petit billet. On voyait que l’écriture, quoique irrégulière et évidemment déguisée, était celle d’une femme. Il l’ouvrit avec l’espérance intime que ce ne fût pas une nouvelle phase de l’abattement de Délima, et il lut :

« Armand Durand, comment pouvez-vous vous abandonner si entièrement à une inutile gaieté, pendant que votre bon père qui vous affectionne tant est sur son lit de mort ? Hâtez-vous de venir, ou vous arriverez trop tard ! »

Il n’y avait pas de signature, pas même une initiale.

Cependant le jeune homme devint pâle comme un mort au pressentiment subit qu’il eut que l’auteur du billet disait la vérité, et il prit la résolution de partir à l’instant même pour Alonville. Si c’était un tour qu’on lui jouait, une visite chez son père ne lui donnerait pas de fatigue, et si on lui disait la vérité !…mais cette supposition était si terrible, qu’il n’osait s’y arrêter.